Riches de l’amour que nous donnons
Pourquoi cette incompatibilité entre le service de Dieu et celui de l’argent ? C’est que les deux logiques sont inverses : avec l’argent, je ne conserve que ce que je garde ; avec Dieu, je ne conserve que ce que je donne. Plus je donne mes biens, moins j’en ai. Plus je donne de l’amour, plus je m’enrichis de cet amour que je donne. Or le texte grec ne parle pas d’argent, mais de « Mammon », qui est l’argent idolâtré ou encore le démon de l’avarice.
C’est donc que la question n’est pas que technique : elle est aussi, et d’abord, spirituelle. Non seulement les deux logiques sont inverses, mais la logique de l’un peut modifier la pratique de l’autre. À force de craindre de perdre ses biens, le risque est grand de voir son amour se rétrécir… À force de donner de son amour sans compter, on risque fort de dépenser et de partager plus que ce qu’on avait envisagé. Mais Jésus avait prévenu, nous l’avons entendu les dimanches 31 juillet et 7 août : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède » (Lc 12, 15). Et : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous possédez et donnez- le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur » (Lc 12, 32-34). Dieu a fait de nous les intendants de sa providence. Au jour de ma mort, j’aurai les mains vides de mes biens mais pleines de l’amour que j’aurai donné en imitation de Jésus.