Une libre réponse à l’amour
Dans le plus ancien texte chrétien, saint Paul rappelle que Dieu nous adopte tout entiers, avec notre corps et notre histoire, avec notre âme et notre désir, avec notre esprit et nos engagements. C’est pourquoi le livre d’Isaïe n’hésite pas à parler des noces qui s’annoncent, de l’union complète entre notre humanité en attente et un Dieu qui s’avance comme un fiancé plein d’ardeur. Mais la comparaison conjugale s’arrête là ! C’est Dieu seul qui a l’initiative, il fournit les habits de noce, il procure la justice, il fait germer la vérité. L’humanité, quant à elle, n’a que sa liberté à offrir à Dieu, car l’amour ne peut jamais contraindre. Et c’est leur liberté qu’expriment ces foules qui rejoignent un homme étrange sur les bords du Jourdain, un homme dont la prédication dérange. Plus encore, le geste de purification que risque Jean Baptiste suscite l’interrogation, mais rejoint bien des personnes qui se savent membres d’un peuple pécheur. Chacun vient ainsi recevoir la confirmation de sa véritable vocation. Nous aussi, malgré tous les divertissements dont nous abreuve un certain système médiatique, nous savons que nous habitons un peuple impur, marqué par des horreurs économiques, politiques, écologiques, religieuses. Mais cette humanité, dont nous sommes, reste toujours capable de répondre librement à un amour qui transforme, de recevoir de nouveau sa vocation d’enfants de Dieu, d’esquisser un geste d’amour. Il ne reste guère que huit jours avant Noël, avec sans doute quelques occasions pour creuser notre désir et notre liberté. C’est là que l’amour de Dieu nous attend.
Père Luc Forestier, oratorien, directeur de l’IER
(Institut catholique de Paris)